Il m’arrive de zapper sur l’émission La Grande Librairie sur France 5 bien qu’elle demande d’avoir le cerveau en éveil, ce qui est peu le cas le soir où les multiples tâches de la journée vous font se vautrer sur le canapé. Mais de temps à autres, je peux rester scotchée à une parole ou un auteur. Ainsi, plusieurs fois, j’ai écouté Eric-Emmanuel Schmitt dont le calme, qui semble traduire une profonde humanité, et l’érudition me fascinent.
La dernière fois, il a évoqué sa foi, sans plus, mais j’en ai été étonnée car je l’imaginais plutôt athée. Et voilà qu’en rangeant ma bibliothèque, je trouve l’un de ses ouvrages : la nuit de feu. C’est étrange ces synchronicités, toujours est-il que la 4e de couverture explique que ce titre fait référence à la nuit mystique de Pascal. Ce philosophe m’a marquée car il m’a fait stresser au bac alors que je devais parler de son « infiniment grand et infiniment petit », sujet de mon examen oral. Alors prenons cet ouvrage qui m’appelle.
La Nuit de Feu, un livre de voyage ?
D’abord c’est une sorte de carnet de voyage qui raconte son périple dans le désert algérien. Une description détaillée du Sahara et des conditions pratiques qui représentent une épreuve physique et un gouffre culturel entre le caravanier et les Français de l’expédition. Il brosse un portrait bien pesé de ses collègues scientifiques peut-être un peu trop remplis de certitudes. En découvrant ces premières pages, je me dis que ce n’est guère transcendant mais j’aime les légers doutes que cet homme transpire, autant que sa sueur jusqu’à en mouiller son bermuda, alors je poursuis. Et puis arrive un tournant dans les pages : une nuit très étrange qu’il passe seul perdu dans les sables devenus glacés.
La nuit de Feu, un livre philosophique ?
Sans m’en rendre compte, je m’étais déjà attachée aux petites distillations de philosophie qu’il passait mais "Sa nuit de Feu", comme il la nommera plus tard, va nous emmener bien loin dans la réflexion.
Il confirme que c’est une nuit particulière et mystique pour lui qui va jusqu’à le transformer. Tout à coup, il a la Foi, cet esprit indicible qui vous apporte une confiance inébranlable. Ah si je pouvais en être de ces gens qui avancent sans crainte, certains de cette force accompagnante ! Et au fil des pages, chaque mot est fort de simplicité, je les bois et aimerais tous les garder en moi.
Après la lumière qui lui est tombé dessus, notre auteur retrouve son campement. L’homme du désert le chouchoute et notre monsieur Schmitt constate toute sa sagesse. Il est étonné que cet Occidental n’ait pas de désert chez lui. A partir de ce simple mot, l’immensité des questions se dévoilent :
Comment faire pour réfléchir sans le vide ?
La vie intérieure se fortifie du vide extérieur…
Dans un pays sans désert, parvient-on à se sentir libre ?
La nature t’impressionne-t-elle par sa puissance ?
Trouves-tu ta place dans un univers exclusivement humain ?
N’étouffes-tu pas parmi ces millions de gens et d’objets ?
… Et bien d’autres que je vous laisserai découvrir en lisant La Nuit de Feu.
Ce livre m’a rappelé que la Pentecôte représente la fête « des langues de feu », symbole de l’esprit sain. Notre société matérialiste l’oublie de plus en plus. Heureusement qu’il y a encore des écrivains crédibles qui osent raconter d’autres dimensions. Je suis sûre que ce sont ces dernières qui nous apportent tout autant, si ce n’est plus, notre humanité par rapport à la rigidité des sciences dites exactes.
En tout cas, l’expérience d’Eric-Emmanuel Schmitt est un bon moment d’évasion que l’on soit croyant ou non.
Si vous avez lu La nuit de feu, dites nous ce que vous en avez pensé !
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